Signer ici Mme la Maire.

Lundi 2 septembre 2019

Le bâtiment municipal, qui était entièrement désert depuis la réapparition de la magie en ville, était tristement silencieux et seul le cliquetis caractéristique de la rencontre de talons hauts avec du carrelage venait rompre ce dernier. Les employés ne se présentaient plus à la mairie quant aux restes des habitants, ils l'évitaient comme s'il s'agissait de l'antre d'une Banshee. De véritables couards. Dire qu'à peine la malédiction rompue par la sauveuse, la foule s'était précipitée ici torches et fourches à la main. Bon d'accord, plutôt avec des pioches, des barres en ferraille ainsi que des battes de baseball. Toute cette haine, toute cette colère, ces insultes à l'encontre de la Reine, Fiona s'en souvenait encore parfaitement. Ils réclamaient vengeance et à leurs yeux, seule la mort de Regina apaiserait leurs ires. Mais dès la première manifestation de magie, ils s'étaient tous éparpillés tels des lapins cornus effrayés par la présence d'un kyorebni. Si quelqu'un voulait bien tenir compte de son avis, elle n'hésiterait pas alors un seul instant à pointer cette couardise du doigt.

La porte menant au bureau du maire s'ouvrit brusquement et Fiona en franchit le seuil, l'esprit concentré par la lecture des notes qu'elle compulsait. Il ne restait plus qu'elle ici pour gérer l'administration de la petite ville mais malheureusement, sans la présence de la signature de Madame Milles sur de multiples documents, elle ne pouvait les acter afin de les renvoyer à qui de droit. Enfin ! Elle déposerait le dossier sur la pile composée des précédents, qui encombrait le bureau depuis des semaines. La Mac Rodas espérait que la Reine finirait par réapparaître un jour prochain et s'occuperait enfin de toute cette paperasse en souffrance. Ou qu'ils se décident tous à réélire un autre maire rapidement. Déposant ledit dossier sur la fameuse pile, elle en extirpa quelques documents avant d'y apposer plusieurs fois le tampon officiel de la ville. Voilà qui suffirait amplement à revalider le budget annuel de la cantine scolaire. Ils devraient s'en satisfaire de toute manière, elle ne voyait pas d'autres solutions pour l'heure. Tournant les talons une fois son travail accomplit, Fiona ne put s’empêcher de sursauter en découvrant la silhouette se tenant dans l'encadrure de la porte.

- Oh ! Madame la Maire vous m'avez fait peur. Je pensais être seule en ces lieux mais, je suis ravie de vous trouvez ici.

La sincérité était perceptible dans le timbre de sa voix. Ce n'était point là, des civilités vides de sens que la jeune femme prononçait dans l'espoir de s'attirer les bonnes grâces de son interlocutrice.

Signez ici, Madame le Maire.

✣ Isobel Kincaid & Regina Mills ✣

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De fins liserés d'or glissaient furtivement à-travers le store, faisant danser leurs reflets sur la pièce désormais vide où je m'étais avancée. Le cours du temps avait repris à Storybrooke, pour mon plus grand déplaisir. Et ceci n'avait pu se produire que par la désagréable intervention de la Sauveuse qui est et demeurera, la mère biologique d'Henry ainsi que la fille de Blanche-Neige et du Prince Coma. Ils m'en ont tous privé depuis que le sortilège a été levé et c'est d'ailleurs pour cette raison que cette maison et cette chambre n'ont jamais semblé aussi vides. Le cœur lourd, je promenais mon regard sur la commode, le bureau et même sur la petite table de chevet sans y trouver l'objet de ma convoitise. Je dois avouer que ce n'était pas une surprise. Henry avait toujours été un petit garçon intelligent et prévoyant et à sa place, je n'aurai pas songé un seul instant à laisser mon précieux livre de contes chez la méchante Reine non plus. Car c'était bel et bien ce que j'étais redevenue aux yeux de tous : la méchante et mon fils ne reviendrait sans doute pas sans une bonne raison. J'avais alors pensé l'espace d'une seconde que, si j'avais eu ce fameux livre auquel il tient tant en ma possession, peut-être qu'il aurait accepté de revenir pour le récupérer. Ainsi, j'aurai pu le revoir, même un court instant. Mais force était de constater qu'il l'avait très certainement gardé avec lui et ainsi, le maigre espoir que je nourrissais venait de s'évanouir. Mais pas pour très longtemps, cependant.

Effectivement, il semblerait au premier abord que ma situation ne soit guère enviée et qu'une fois encore, j'ai finis par perdre tout ce que j'avais. Or, cela n'est pas tout à fait vrai. Bien-sûr, je n'avais plus grand-chose en ma possession mais récemment, un allié pour le moins insoupçonné m'avait permis de recouvrer ma magie. Cet allié n'était autre que celui qui m'avait appris à la manier, ce cher Rumpelstiltskin. Ceci fait, j'avais enfin pu me débarrasser de cette vermine intrusive qui jusqu'ici m'avait forcé à me dissimuler aux yeux de tous et à me maintenir hors de leurs portée. Oh oui, ils avaient essayé : tuer la Reine avait été leur premier réflexe, une fois leurs mémoires revenues. Un léger frisson me parcouru le dos lorsque je repensais à toute cette foule, d'abord sur mon propre parvis puis au-devant de la Mairie, menaces à la bouche et armes à la main. Comme je m'étais sentie démunie, sans magie....
Mais aujourd'hui, grâce au ciel, les choses ont changé. Et dès que la première étincelle de sorcellerie eut apparu entre mes doigts, ces pauvres âmes s'éparpillèrent en oubliant leur insurrection. Aussi vite qu'ils avaient détalé dans la forêt enchantée devant mon sort noir, il n'y eu plus un seul dissident de visible. Les choses étaient redevenues comme elles devaient l'être. Ou presque. Si je devais récupérer Henry et le secourir de Monsieur et Madame Espoirsansfaille et surtout de leur fille, j'allais avoir besoin de bien plus que d'une simple flamme dansant sur ma paume. Pour cela, il me faudra aller dans mon caveau où la plupart de mes artefacts et sorts magiques étaient dissimulés. D'un geste élégant de la main, je me téléportais jusqu'à l'embrasure de mon cabinet de Maire, là où je gardais jalousement les clés qui m'y mèneraient.

Quelle ne fut pas ma surprise de voir que je n'y étais pas seule et qu'une silhouette -perchée sur des talons presque aussi hauts que les miens- était penchée sur mon bureau. La fraction de seconde suivante, je compris qu'il ne s'agissait simplement que de la secrétaire. Elle sursauta et je ne fus pas mécontente qu'elle eut déjà posé ses nombreuses feuilles volantes sur la pile -assez impressionnante- de dossiers décourageants qui s'entassaient là.
❝ Puis-je savoir ce que vous faites ici, Mademoiselle Kincaid ?❞ demandais-je sans songer à la saluer. La véritable question était de savoir ce qu'elle faisait encore ici, après les récents événements. Tout les autres avaient naturellement déserté. Tout prétexte était bon pour arrêter sa besogne. Mais pas elle, pourquoi ? Devais-je m'en méfier désormais ? Le dos raide, je m'avançais de l'encadrement de la porte, conservant sur mon visage une expression neutre : ❝ Je dois bien avouer que "ravie" n'est pas le terme que l'on m'a destiné ces derniers temps...❞ Peut-être ne resterait-elle pas enchantée de me voir bien longtemps, car si sa présence ici était mal intentionnée : la seule chose qu'elle aurait trouvé aujourd'hui...ce serait les ennuis. J'espérais ne pas en arriver là cependant. Car j'avais autre chose faire que de m'occuper de la secrétaire, aussi réjouie soit-elle.

(c) oxymort

- Le travail pour lequel je suis rémunérée cela va de soi. Il faut bien que quelqu'un s'occupe de gérer cette ville pendant que d'autres pratiquent la chasse à la sorcière. Ou ne s’adonne à la vengeance. Songea-t-elle en se gardant bien de formuler cette dernière remarque à haute voix. Quoique désormais, il s'agisse plutôt pour eux de rechercher protection derrière les jupes de mademoiselle Blanchard.

Point d'impertinence dans le timbre de voix de la secrétaire. La jeune femme relayait simplement les faits s'étant déroulés ces derniers jours d'une manière succincte. Quant à cette remarque passée sous silence, ce n'était par crainte de provoquer l'ire de la méchante Reine. N'ayant pas de passif avec cette dernière, Fiona n'éprouvait et ne partageait la frayeur du peuple à son égard. Au courant de sa courte vie, elle avait déjà fait face à des violeurs, une organisation de terrorisme révolutionnaire, une tribu barbare d'hommes-chats et aux membres racistes d'une secte. Quelques instants avant d'être emportée par la malédiction, elle venait avec d'autres membres de sa caste de contrecarrer les plans de déités anciennes. Alors faire face à une puissante sorcière maléfique, voilà qui ne perpétuait que son ordinaire. Si la tenebranne avait tu au final cette réflexion concernant le passe-temps de madame la Maire ce fut juste par choix stratégique. L'horripiler n'aurait qu'engendré une contre-productivité. Ce qu'elle désirait absolument éviter si elle voulait voir apposer la signature de Régina en bas de page de tous les documents administratifs.

- Il faut croire que je n'ai pas les mêmes préoccupations que les gens du peuple. La gestion d'une ville moderne est bien plus complexe que celle d'un village campagnard de l'un de nos royaumes. Ici, il ne suffit pas de débiter quelques stères de bois afin de passer l'hiver. Ce dont tous ne semblent se rendre compte.

Signez ici, Madame le Maire.

✣ Isobel Kincaid & Regina Mills ✣

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Il est vrai que je ne m'étais pas attendue à une telle réponse. Sans doute était-elle la seule à poursuivre ses activités telles qu'elles lui incombaient encore pendant la malédiction. Comme quoi, je n'avais pas si mal fait les choses car visiblement, cela la contentait. J'avais brièvement haussé les sourcils et j'affichais désormais un petit rictus sardonique :
❝ J'ignorais que votre travail vous tenait tant à cœur... ❞ Elle déclara ensuite -non sans quelques sous-entendus - que ces temps-ci, la ville nécessitait d'avoir une bonne âme pour la maintenir à flots et en prendre la gérance. Mon sourire s'effaça et je la jugeais du regard sans retenue. ❝ Je vois. Et selon vous, Mademoiselle Kincaid, vous êtes la plus légitime pour vous acquitter de cette responsabilité envers notre commune n'est-ce pas ?❞ La petite secrétaire se sentait-elle pousser des ailes ? Au creux de son sommeil, songeait-elle à quelques rêves de grandeur ? Renverser la Reine peut-être ? Était-ce un manque de reconnaissance qui se matérialisait ? Les héros s'étaient dévoilés maintenant et il était normal de vouloir rejoindre leurs rangs. Je reniflais avec dédain lorsqu'elle évoqua la couardise de mes anciens sujets : ❝ Grand bien leur fasse. Mais personellement s'il y a bien un endroit où je ne m'aventurerai pas -même sous la torture- c'est effectivement dans les jupons de Mademoiselle Blanchard.❞ Je chassais cette image en secouant la tête. Qu'elle ne s'y trompe pas, elle et son Charmant : seule la présence d'Henry m'empêchait d'agir à ma guise. Il s'est déjà détourné de moi à cause de ce que je suis, si je voulais regagner son estime, je devrais faire les choses différemment. Et je trouverai le moyen car j'avais peut-être perdu cette bataille mais pas la guerre. Blanche-Neige avait peut-être le giron large, mais mes poches l'étaient tout autant et bientôt, je sortirai un nouvel atout de celles-ci et elle n'aura pas eu le loisir de l'anticiper...

Je m'avançais d'un pas assuré pour m'installer derrière ce bureau qui me revenait de droit. Je croisais alors les jambes et les mains sur les accoudoirs, je l'écoutais encore me parler de mes obligations qui ne sont certes pas de la même nature que celles qui m'incombaient dans la forêt enchantée. Bien que certaines choses resteraient immuables et ce, quelque soir le royaume dans lequel nous aurions été envoyés : ❝ Sur ce point, vous ne m'apprenez rien. J'ai déjà pu expérimenter ceci pendant déjà vingt-huit longues années. Mais je suis cependant heureuse de voir que vous semblez mesurer et partager l'ensemble des difficultés que cela représente. ❞ Et que vos compétences ne se limitent pas au déboisage de la basse saison, finis-je pour moi-même. Les autres n'avaient aucune idée de ce que cela représentait, je lui accordais bien cela. Comment aurais-je pu espérer une once de compréhension lorsque la plupart des habitants ici ne découvraient véritablement que maintenant, l'utilité d'un compteur électrique ? Ou apprenaient à abandonner les missives manuscrites intempestives au profit du téléphone ? Je lâchais un faible soupir malgré moi et reportais mon attention sur ma subordonnée. ❝ Alors quelles sont donc ces préoccupations que vous venez d'expliciter ?❞ m'enquis-je en joignant les doigts pour la dévisager. Puisque cette rencontre menaçait de se transformer en entretien informel, autant l'appréhender avec efficacité.

(c) oxymort

La Mac Rodas n'avait nul besoin d'user de son don d'empathie pour percevoir l'animosité éprouvée par Regina à son encontre. Celle-ci affichait ses sentiments au niveau de ses traits comme d'autres exposaient un affreux anneau aux narines. L'aigreur ne seyait à personne en vérité et cela avait tendance à favoriser l'apparition de rides bien avant l'âge. Sans cette rancœur, la Reine serait sans doute une femme des plus magnifique. Bien que la rousse n'appréciât ni le ton employé ni les paroles de son interlocutrice, elle se fit violence afin de maîtriser sa fierté montagnarde et ne pas prononcer des mots qui envenimeraient la situation. Elle se contenta de hausser les épaules.

- Préfériez-vous que je vous pourchasse à travers les rues de la ville comme tous les autres vai Alteza, une fourche en main ? L'autre option n'est guère des plus attrayantes à mes yeux non plus. Perdre un temps précieux à gémir sur mon sort très peu pour moi. Je crois, que je commence à être blasée par toutes ses situations étranges que j'ai déjà vécues par le passé alors, autant m'occuper intelligemment.

Chasser le naturel et celui-ci revient au galop. La fille de Kinally acceptait de faire des efforts pour être sympathique envers une femme amère l'ayant entraîné dans sa vengeance en tant que dommage collatéral. Mais, il ne fallait surtout pas abuser de sa patience. Elle rétorqua sur un ton plus sec que la prudence ne le dictait.

- Pour commencer, c'est Domna Fiona en vérité. Elle était issue d'une noble et ancienne famille Comyn par Zandru ! En toute honnêteté, je n'ai absolument aucune idée de qui possède plus de légitimer que d'autres dans cette ville et cela ne m’intéresse pas. Je préférerais diriger mon domaine, être en compagnie de mes enfants et me préoccuper de mes métayers plutôt, que d'être ici à m'occuper des habitants de Storybrooke que je ne connais ni d'Hastur ni de Cassilda.

Préoccupée par la direction qu'empruntait cette conversation, la rousse laissa se perdre la remarque concernant Mlle Blanchard en ne renchérissant pas par-dessus. Cela fit naître néanmoins, un sourire léger à la commissure de ses lèvres. Son esprit se concentra sur la matrice dissimulée à l'intérieur de son corsage afin de créer des ondes d'apaisement, qu'elle diffusa à travers la pièce pour assurer sa propre survie. Puisque Regina semblait disposer à mettre de la bonne volonté envers la paperasse de la ville, Fiona vint se placer sur sa gauche où se situait la pile de documents administratifs. Elle hocha simplement de la tête aux paroles de la Reine avant de déposer un dossier ouvert au préalablement devant cette dernière.

- Il faut valider le nouveau budget de la cantine scolaire si vous désirer que votre fils Henry ainsi que tous ses petits camarades puissent consommer des repas équilibrés décents au déjeuner.

Oui, Henry restait le fils de Regina malgré le retour de la mère biologique du gamin dans sa vie. Abandonner l'enfant avait été la décision de Mlle Swan et uniquement la sienne. Regina avait accueilli le bébé dans sa vie, l'avait choyé et aimé comme un fils naturel. Fiona savait par expérience à quel point, il était possible d'aimer un enfant qui n'était pas le sien. Aucun acte passé ne pouvait retirer cela à la femme à ses côtés, y compris sa cruauté.
 
- Ah ! Le directeur soumet une demande d'embauche pour un surveillant scolaire supplémentaire en vue du nombre croissant d'élèves de cette année.

Signez ici, Madame le Maire.

✣ Isobel Kincaid & Regina Mills ✣

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Je pris le temps d'observer l'effet que mes paroles avaient sur la petite secrétaire si dévouée qui était pourtant restée, la malédiction étant désormais révoquée. S'était-elle de ce fait, attendue à des remerciements ? L’intéressée se gardait bien de montrer quoique ce soit, et c'était d'ailleurs ce que j'aurai pu lui conseiller de mieux. Mes petites remarques étaient destinées à la déstabiliser et je voyais bien que cela fonctionnait. Cependant, l'assistante parvint à maîtriser ses instincts et garda un faciès de marbre.  
Le petit rictus que j'arborais alors s'élargit lorsqu'elle ne pu néanmoins s'empêcher de me corriger et de m'imposer une sorte de titre de noblesse démodé. Il faut croire que même pour effectuer mes basses besognes, je n'avais pu me résoudre à m'entourer de véritables petites gens. Une disgrâce dont elle semblait pourtant s’accommoder.  

❝ Voyez-vous ça...❞ fis-je d'un ton narquois en la dévisageant de bas en haut, ainsi installée derrière mon fief. ❝ Dans ce cas, personne ne vous retient davantage. Sentez-vous libre de rentrer chez vous comme bon vous semble et vaquer à vos occupations quelles qu'elles soient...Domna Fiona.❞ déclarais-je en insistant ironiquement sur son nouveau titre dûment réclamé. Le sourcil relevé je la fixais quelques secondes -dans un silence opaque- avant de faire pivoter mon fauteuil de cuir.❝ C'est bien ce que je pensais.❞ J'enlevais inutilement le pli sur mon tailleur bien que celui-ci était déjà impeccable. ❝ Cessez donc de me faire croire que vous agissez par amitié ou par bonté car nous savons toutes deux que ce n'est pas le cas. Si vous restez ainsi à mes côtés, c'est parce que vous n'avez guère le choix...je suis sans doute l'une des seules qui soit en mesure de révoquer le sortilège qui frappe actuellement toute âme qui tenterait de quitter Storybrooke.❞ Je lui offris un sourire sarcastique, pour accompagner ma tirade. En effet, aux limites de la ville sévissait un nouveau problème qui m'arrangeait pour le moment. Quiconque essayait de s'enfuir ou de prendre un nouveau départ hors des frontières de mon royaume flambant neuf, se retrouvait privé de sa première identité et de tout les souvenirs qui en découlent. De quoi en rebuter plus d'un, en particulier Emma Swan qui aurait tôt fait de prendre la poudre d'escampette avec Henry, j'en était persuadée.
Mais il semblerait que la Domna soit plus maligne que ces autres badauds et qu'elle ait la présence d'esprit de s'entourer des gens qu'il faut pour un jour retrouver son pays, sa Cassilda et je ne sais quoi d'autre. En l’occurrence, s'entourer de moi. Evidemment, ce problème de frontière arrivait très loin dans l'ordre de mes priorités et cela ne m'était d'ailleurs utile en rien de le résoudre maintenant et la secrétaire devra faire avec.

Visiblement, je ne parviendrai pas à me défaire de sa présence si aisément. Moi qui était venue pour simplement récupérer la clef de mon caveau, j'allais devoir remettre mes projets à plus tard, le temps de me débarrasser de l'impertinente. Elle s'était plantée à ma gauche et sans la regarder, je tendis négligemment la main pour qu'elle y dépose l'un des dossiers méticuleux qu'elle avait emporté avec elle. ❝Soit.❞ acquiesçais-je simplement en apposant ma signature en bas du document qui traitait de la restauration scolaire. D'ordinaire, j'étais plus mordante lorsque l'on évoquait Henry, et rares étaient ceux qui pouvaient se le permettre. Mais il faut croire que d'un coup, ma nature belliqueuse s'était un temps soit peu apaisée et que j'étais moins prompte à réagir. A mal réagir. En tout les cas, elle avait bien verbalisé qu'il s'agissait de mon fils, et non de celui de la Sauveuse et c'est pourquoi elle marquait-là un point non-négligeable dans sa tentative de demeurer à mes côtés. Indemne.

❝ Des agents supplémentaires ne seront effectivement pas du luxe, lorsque l'on voit les compétences particulièrement décevantes qu'ont révélés les membres de l'équipe pédagogique actuellement nommée...❞ articulais-je entre mes dents, en pensant à la Blanchard. En effet, j'étais au courant des petites escapades de mon fils pour aller retrouver sa mère naturelle. La rigueur devait assurément manquer. Tant en classe que dans les à-côtés car Henry ne peut résolument se contenter d'apprendre à parler aux oiseaux et à capturer des papillons...
De nouveau, je tendis nonchalamment la main en l'attente d'éventuelles autres paperasses : ❝ Y a-t-il autre chose que vous souhaitiez me soumettre ?❞ avec un léger soupir las.

(c) oxymort