Si seulement je pouvais réécrire l'histoire. || Tsubomi

Tsubomi fait partie de ces jeunes pour qui l’imaginaire prime sur le reste. L’imaginaire, c’est ce qui lui permet de s’enfuir de la réalité, de s’enfuir de la froideur de notre monde. C’est ce qui lui permet de tenir, de ne pas craquer quand la vie la malmène. Mais pour un petit être de dix-sept ans qu’est-ce qui peut à ce point la dévorer pour qu’elle s’isole ainsi dans des mondes qui n’existent pas ?  La disparition de sa petite sœur, il y a de ça quatre ans, lors d’un séjour à la mer.

Tsubomi dormait sur sa serviette sur le sable, et sa petite sœur Momoko s’amusait dans l’eau avec d’autres enfants sous le regard de leur mère. Jusque là, tout allait bien. Mais après un instant d’inattention la petite de neuf ans n’était plus là et les autres enfants aux alentours ne semblaient pas s’en formaliser plus que ça. Après tout, elle aurait très bien pu repartir avec sa famille ou quelque chose comme ça. Toujours est-il que lorsque leur mère se rendit compte que la cadette de la famille n’était plus dans son champ de vision, elle réveilla en catastrophe Tsubomi. 
 
- Bomi !! Réveille toi !! Ta sœur n’est plus là !  

Cette information ne sembla pas arriver de suite à la tête de l’aînée de la famille, mais lorsque ça fit « tilt » dans son esprit elle se redressa en sursaut. Comment Momoko avait elle pu partir comme ça ? Rangeant alors leurs affaires à la vitesse de la lumière elles firent le tour de la plage en vain. 

Après avoir contacté les secours pour signaler la disparition d'une enfant, il fallut appeler le père de famille. Et la situation dégénéra devant les yeux mouillés de larmes d'une Tsubomi plus que terrifiée. Ce genre de problèmes, elle voyait ça dans les films et dans les séries, il était juste improbable que ça se passe en vrai, que sa famille soit victime d'un tel drame. C'est épuisée par les pleurs que la pré-adolescente s'endormit. Un sommeil sans rêve, un sommeil tout sauf réparateur.

Malheureusement, très rapidement le cas de la disparition de Momoko fut vite classé sans suite et la famille, à l'époque  Fukuda, du rentrer à New York. Et les choses négatives s'escaladaient les unes après les autres, la relation des parents se dégradait, Tsubomi ne parlait plus, ses notes en cours chutaient à une vitesse vertigineuse, bref, c'était tout simplement le chaos. C'est là qu'intervient pourtant les mondes imaginaires. Ces mondes construits selon-elle de toute pièces pour égayer la vie des autres, ces mondes pleins d'espoirs quand tout allait mal, on trouvait toujours une petite lueur, cette petite lueur si chaleureuse, si réconfortante. Et c'est toute seule, grâce aux écrits d'un autre temps que Tsubomi remonta la pente.

Enfin... C'est ce qu'elle croyait. Un an après la disparition de Momoko, les Fukuda brisèrent le dernier éclat de ce qui restait de leur famille en signant les papiers de divorce. La procédure fut longue et compliquée, et à la fin, Bomi partit avec sa mère, et reprit le nom de jeune fille de cette dernière. Mais le divorce n'a pas mené qu'à une séparation et changement de nom, non. Il s'en est suivit des dizaines de déménagements.

C'est comme ça, qu'avec le temps, en octobre 2019, les deux Watanabe atterrirent à Storybrooke. Une petite bourgade où elles ne connaissaient personnes et à priori où personne ne les connaissaient non plus. Il était temps de repartir à zéro et d'enfin se reconstruire. Et puis qui sait... La lueur d'espoir qu'elle cherchait dans les comptes autrefois peut très bien réapparaître à n'importe quel moment ici, à Storybrooke...